Article écrit par Pot'Yo
Chapitre 1
Armoirie des Montfaucons
Le Comte Henri 1er de Montfaucon (et, entre autres, -de Montbéliard- !) avait un aura immaculé de moultes faits d’armes outre frontières mais aussi intra muros.
Il avait su mater la rebellion des bourgeois montbéliardais. Ces mêmes bourgeois qui n'avaient pas la panse assez remplis de cette "charte de franchise" instauré quelques décennies auparavant par le Comte Renaud (Beau-père de notre Henri) et qui leur offrait le privilège d’une gouvernance des quartiers relativement libre tant qu’ils gardaient allégence au Comte en place.
Le Comte Renaud de Montbéliard signant la charte de franchise
Ainsi, courage et intelligence ornaient la réputation du Comte Henri de Montfaucon. Son fils, le petit Etienne, allait devoir se montrer digne d’un tel père à présent!.
Chapitre 2
Henri 1er n'étant que très peu présent sur ses terres, il légua la régence de Montbéliard à Etienne, alors âgé de 16 ans, ainsi que la gouvernance de 300 autres terres réparties de Baumes-les-Dames à Porrentruy en passant par Pontarlier!.
Ruine du château des Montfaucons prêt de Besançon
Cadeau empoisonné en vérité!. Empoisonné dès 1348 par la grande vague de peste noire!. Que faire pour soulager un peuple affligé d’une maladie dont seuls les effets sont visibles?.
Aucune armée au monde, aussi courageuse et fougueuse soit-elle, ne pourrait la vaincre. Impuissant, le jeune Comte Etienne vit la population de son "Montembeliardae" se décimer au 2/3!. Les maladreries de Valentigney et de Bussurel vomissaient de pestilancielles bipèdes!.
Tout le comté de Montbéliard (comme le reste de la France d'ailleurs) fut ainsi envahit d’une psychose générale!. La moindre fluction suffisait pour vous suspecter d’abriter cette peste diabolique. Le cauchemar du comte Etienne ne faisait que commencer!. En 1356, Il epousa Marguerite de Chalons Arlay.
Mais de nouvelles préoccupations allaient le priver des plaisirs amoureux!. Car cette même année, sur la scène Montbéliardaise, s’invita une autre calamité au bal des horreurs: Le séisme de Bâle! (voir le précédent article).
Aucunes prières ni faits d’armes ne purent attenuer cette soudaine crise d’épilepsie tellurique!. Des milliers d'autres bougres vinrent s’ajouter au bucher des calamités!. La mort faisait peu à peu son nid en Montbéliard. Une puanteur abjecte flânait sur tout le Comté. Rien de plus terrifiant qu’un ennemi sans visage!.
En ces temps de superstitions, face à tant d’inexplicables malheurs, la raison ne peut que disparaitre et faire place à la folie!. Les coupables furent donc décellés rapidement!. Un ami, un frère, un simple passant au comportement étrange devenait animé par le diable. La sorcellerie pullulait autant que les innocents qui en étaient accusés !.
Ainsi, de pauvres bougresses se retrouvaient pieds et poings liés au dessus du pont de Roide. Le présumé coupable était poussé dans le Doubs. Si elle (ou il) flottait, alors elle était faite en bois! preuve indiscutable de sa nature diabolique, et comment purifier cette sorcière en bois?! par le feu!!!; et si elle ne flottait pas?!, alors elle se noierait mais toutes suspicions seraient levées à son encontre!...honneur lavé mais bougresse noyée!, morte mais fière!.
( Renseignez vous sur l'"Ordalie", riche en supplices aussi atroces que stupides!)
A vrai dire, la sorcellerie ne fût pas la seule accusée! Les juifs furent placés à la barre de cette épave qu'était devenu le Montbéliard!.
Ainsi aux morts de la peste (auxquels s'ajouta ceux de la lèpre!), aux morts du tremblement de terre, aux morts accusés de sorcellerie, vinrent s'ajouter les morts accusés de judéités!. Des centaines de buchers érigés en pyramides cadavériques voilaient le ciel du comté de Montbéliard d’une fuligineuse odeur de chaires calcinées.
Chapitre 3
Au milieu de cette ambiance mortifère, le comte Etienne dût surmonter d’autres épreuves tout aussi douloureuses. Avec sa bien aimée, il eût 4 enfants, 4 merveilleux chérubins. Précisément: 3 garçons prêts a assurer la pérennité du règne Montfauconnois! et une petite fée du nom de Jeanne.
Parmi ses 4 charmants bambins... seul un héritier survécu!: il portait d'ailleurs le prénom de son glorieux grand père: Henri.
Jeanne mourut en couche; les autres périrent suite à quelques maladies ou batailles infortunées. Après avoir vu mourir 3 de ses enfants, c’est sa bien aimée qu’il dût embrasser une dernière fois en 1392!.
(oui bon; j'avais que cette image là sous la main!)
Tous les cadeaux que lui avait apporté la vie lui furent repris sans ménagement.
Peste, Lèpre, tremblement de terre, disparitions familiales eurent raison de son amour pour le comté de Montbéliard. Il se retira en son chateau de Montfaucon laissant Montbéliard à la bonne grâce de son dernier héritier: Henri. Ce dernier, qui n'était alors que vassal de son père et seigneur d'Orbe (prêt de Pontarlier), offrit au vieux comte, une petite fille du nom d’Henriette.
Etienne atteint l’âge exceptionnel de 72 ans. Un âge canonique en ces temps d'hygiène précaire!. Mais, on l’aura compris, un âge qui lui aura laissé le temps de connaître autant de calamités que de malédictions!.Mais qu'importe à présent! la mort pouvait l'emmener...il était en paix car soulagé d'avoir un fils prêt a gérer toutes les terres familiales et a faire prosperer le nom des Montfaucons!...sauf que...pour notre vieillard, les problèmes ne faisaient que commencer!:
Chapitre 4
Henri, le dernier héritier du vieux Comte Etienne était un grand seigneur; son courage n'était plus a prouver, mais en ces temps de fierté chevaleresque, une petite bataille n'était point de trop pour asseoir son honneur!!. En 1396, un appel venu de Hongrie mobilisa toute l'armée française, Bourguignogne et Comtoise. Le Turc Bajazet et son armée, menaçant l'europe de l'ouest, gagnait peu à peu du terrain sur les Balkans avec, pour objectif, l'islamisation des terres conquises.
(Bajazet 1349- 1403)
Mais à présent, il devrait en découdre avec la coalition franco-bourguigno-comtoise ainsi que d'autres armées de l'europe centrale!. Henri fût de la partie!. La bataille eut lieu un 23 septembre à Nicopolis en Bulgarie et fût un véritable carnage... pour les chrétiens!.
(Bataille de Nicopolis)
Le vieux comte Etienne, inquiet du sort réservé à son fils, envoyait de nombreux émissaires prendre des nouvelles...mais tous revenaient bredouilles!. Le comte Henri avait disparu, certainement noyé parmi tous les cadavres de cette boucherie infligée par le puissant Bajazet!.
(Massacre des chrétiens, les plus fortunés étaient gardés vivants et rendus à leur famille contre rançon...henri n'aura pas cette chance, sans doute tué lors de la bataille)
Le comte Henri n'avait que deux filles pour héritières. Bref, dépourvus de successeurs mâles, les montfaucons étaient condamnés!. Qu'allait devenir le Comté de Montbéliard?! Qu'allait devenir les seigneuries des Montfaucon?!...Assurément, le Comte Etienne âgé de 72 ans maintenant, en plus de la maladie et de sa cécité visuelle, allait devoir portée le lourd deuil d'une dynastie vieille de plus de 3 siècles!.
Refusant de voir son comté de Montbéliard tomber entre les mains bourguignognes ou françaises, c'est tout naturellement qu'il maria sa petite fille Henriette à un comte de Wurtemberg.
Nous sommes en 1397, la comtesse Henriette n'a que 10 ans mais va, par son mariage avec un prince allemand, transformer le Tout-Montbéliard en terre d'Empire Germanique !.
Notre Montbéliard le restera jusqu'à la révolution française!.
Triste de voir le règne des Montfaucons s'éteindre mais heureux de le voir s'allier à une puissante famille Wurtembergeoise qui assurerait aux montbéliardais une indépendance culturelle totale (Les montbéliardais ne changeront rien à leur coutume ni même à leur langage), Etienne s'apprête a sceller l'union de sa petite fille.Enfin un beau jour en perspective!!...sauf que....notre pauvre comte Etienne mourut une semaine avant le mariage!!
Quand on a la poisse!....
Pot'Yo
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